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2017 - Les Khmers rouges: un génocide méconnu

Lors de notre passage à Phnom Penh, nous sommes passés par deux monuments incontournables pour mieux comprendre le Cambodge et son histoire : l’ancienne prison secrète S21 et les champs de la mort. Nous sommes sortis de cette journée choqués et tristes mais conscients de nombreux problèmes auxquels le Cambodge a dû faire face au cours de ces dernières 50 années. Dans cet article, nous souhaitons mettre la lumière sur un génocide peu connu et pourtant relativement récent : le massacre des Khmers rouges.

 

Le contexte

Pour commencer, revenons 42 ans en arrière, en 1975. Nous sommes à la fin de la guerre du Vietnam et le Cambodge, tout comme ses voisins, souffre des bombardements incessants des Etats-Unis.

Plus de 100 000 cambodgiens sont morts dans les campagnes et une partie plus grande encore se réfugie dans les villes. Cet exode est lui aussi très meurtrier et les survivants sont souvent sans travail ni foyer mais avec une colère grandissante et des envies révolutionnaires. Vous l’aurez compris, le contexte du Cambodge et sa situation en 1975 est alors très fragile.

 

Le commencement

Le 17 avril de cette même année marque un jour historique dans l’histoire des Khmers rouges. La capitale du Cambodge, Phnom Penh, est envahie par des révolutionnaires, qui sont en fait des soldats khmers rouges, puis entièrement désertée par ses habitants en l’espace de 48h. Ces soldats annoncent à tous les habitants, de maisons en maisons, qu’ils vont devoir partir pour « seulement 2 ou 3 jours pour se mettre à l’abri d’un bombardement imminent des Etats-Unis »

Les révolutionnaires sont parfois accueillis avec de grands sourires dans ce contexte si tendu, mais c’est souvent contre leur gré et sous la menace que tous les habitants, soit 2 millions de personnes, doivent quitter leur logement dans des conditions désastreuses. Malades dans les hôpitaux, femmes enceintes, bébés, personnes âgées, handicapées, aucun ne peut rester. Les villes du pays sont donc vidées en l’espace de 2 jours. En réalité, ils étaient jetés sur les route des campagnes sans nourriture ni effets personnels. Pour ensuite, être assignés à une province voisine où ils étaient contraints de travailler dans les rizières jour et nuit.

 

Le leader et son idéologie

A la tête de cette invasion et des khmers rouges se trouve Pol Pot. Né en 1902 et fils d’agriculteurs prospères, il obtient une bourse pour étudier en France à l’institut de radioélectricité où il échoue à l’examen de première année. Il devient alors membre du parti communiste français. Suite à cela, il rejoint une cellule communiste clandestine plus extrême et vénère le leader chinois Mao Zedong. A son retour au Cambodge, il enseigne sa propre doctrine, enrôle les jeunes venus des campagnes et traumatisés par la faim, les bombardements et la corruption. Il leur explique que les habitants des villes sont responsables de tout, leur promet de la nourriture, une stabilité et un emploi.

Dans son idéologie, l’Angkar (c’est-à-dire l’organisation révolutionnaire) qu’il dirige a pour but de rebâtir la société, effacer les différences de classe et faire table rase du passé. L’année 1975 doit être une nouvelle année 0, il prône une suppression des croyances, du savoir ainsi qu’une soumission aveugle à son régime communiste extrême. L’école et les religions sont supprimées, les hommes et les femmes séparés et beaucoup sont envoyés à la mort: les enseignants, les anciens fonctionnaires, les « intellectuels », ceux portant des lunettes ou ayant les mains soignées, tous sont emprisonnés et promis à la mort. Ils sont appelés « peuple du 17 avril » (référence aux habitants de Phnom Penh et à son invasion ce jour là) par opposition au « peuple nouveau ».

« Le peuple du 17 avril est comme une plante parasite : à vous garder en vie on a rien à gagner, à vous éliminer, on a rien à perdre. »

La seule raison de vivre des cambodgiens devait être de produire du riz, 3 tonnes par état (donc tripler la production immédiatement), même si ni l’Angkar ni les gens des villes ne savaient comment le cultiver. Cette mesure a entrainé une famine meurtrière dans tout le pays. Les plus téméraires ont tenté de cueillir des fruit pour se nourrir, ce qui était considéré comme du vol à l'Etat. Si jamais ils étaient attrapés, c’était la mort assurée. Pendant tout la période khmer rouge, les frontières étaient fermées et personne ne savait réellement ce qui se passait.

 

La prison S21


Au cœur de la capitale se trouvait la prison ultra secrète S21 ou Tuol Sleng (nom de l’ancienne école primaire transformée en prison). Les soit disant « opposants au régime » ne savait pas pourquoi ils étaient arrêtés, ils étaient transférés les yeux bandés en camion puis torturés 3 fois par jour en ce lieu. La prison a accueilli entre 12 000 et 20 000 personnes et finalement seuls 12 survivants ont été confirmés. Elle était totalement coupée du monde extérieure et désignée par les habitants du quartier comme « le lieu où les gens entrent mais ne sortent jamais». C’était la pire des 200 prisons khmer rouges réparties dans le pays.

Finalement, seuls 14 corps ont été retrouvés, tués et abandonnés. Aujourd’hui, 14 pierres blanches sont érigés en leur mémoire et les photos de tous les détenus sont exposés depuis la découverte de la prison en 1980. Des milliers de personnes sont alors venus pour chercher des informations sur un proche dans les archives ou sur les photos.

 

Les champs de la mort

Après avoir été emprisonnés, contraints de faire de fausses confessions (par exemple avoir volé du riz qui appartenaient à la communauté ou être espion du KGB ou CIA) ils étaient conduits aux champs de la mort. Les prisonniers emargeaint puis étaient emmenés aux fosses de plusieurs mètres de profondeur pour être exécutés. Ce site était un ancien cimetière chinois, éloigné de tout, où des hauts parleurs vrombissaient des chants révolutionnaires pour couvrir les cris des prisonniers.

«Mieux vaut tuer un innocent par erreur qu'épargner un ennemi qui ronge le pays de l'intérieur. »

Les victimes, jusqu’à 300 par jour, étaient poussées vivantes dans les fosses puis couvertes de DDT pour masquer l’odeur et ne pas éveiller les soupçons des paysans des alentours. A quelques pas des fosses se trouvait « l’arbre de la mort » contre lequel des enfants étaient tués sous prétexte d’arrestation par filliation pour ne pas engendrer de possible vengeance.

Le slogan Khmer rouge disait à ce propos:

« Pour se débarasser de la mauvaise herbe il faut aussi arracher les racines. »

 

La fin du régime

En 1979, c’est l’éviction des khmers rouges qui fuient vers la frontière thaï. Le nouveau gouvernement est vietnamien mais n’est pas reconnu en dehors du pays. Les Khmers rouges siègent alors encore aux Nations Unies et sont réfugiés dans la jungle. Encore en 1990, dans un contexte de guerre froide, la Chine et les représentants du monde entier tournent le dos au nouveau gouvernement installé par les vietnamiens alors sous protection de l’URSS. Ce n’est que récemment que les procédures judiciaires ont abouties et que le massacre a été reconnu comme un crime contre l’humanité. Par exemple le procès de « Douch », l’ancien commandant de la prison S21, a débuté en mars 2009 pour se terminer en 2012 après plusieurs appels. Il a été finalement condamné à la réclusion à la perpétuité à 70 ans.

Finalement, en 4 ans, un quart de la population cambodgienne a été massacrée soit environ 2 millions de personnes. Aujourd’hui, 65% de la population a moins de 30 ans et après des années de déni, justice commence à être faîte. Le massacre commence à rentrer dans l’Histoire, est reconnu internationalement et son histoire est enseignée sur les bancs des écoles cambodgienne depuis 2010.




 

ENGLISH

 

When we were in Phnom Penh, we passed through two unavoidable monuments to better understand Cambodia and its history: the former secret prison S21 and the killing fields. We came out of this day shocked and sad but aware of many problems that Cambodia had to face over the last 50 years. In this article, we want to shed light on a little known and yet relatively recent genocide: the massacre of the Khmer Rouge.

 

The context

To begin, let's go 42 years ago, back in 1975. We are at the end of the Vietnam War and Cambodia, like its neighbors, suffers from the constant bombing of the United States.More than 100,000 Cambodians have died in the countryside, and a larger part is taking refuge in the cities. This exodus is also very murderous and the survivors are often without work or home but with growing anger and revolutionary cravings. You will understand that the context of Cambodia and its situation in 1975 is very fragile.

 

The beginning

The 17th of April of that same year marks a historic day in the history of the Khmer Rouge. The capital of Cambodia, Phnom Penh, is invaded by revolutionaries, who are in fact Khmer Rouge soldiers, then completely deserted by its inhabitants within 48 hours. These soldiers announce to all the inhabitants that they will have to leave for "only 2 or 3 days to shelter from an imminent bombing of the United States"

The revolutionaries are sometimes welcomed with great smiles in this tense context, but it is often against their will and under threat that all the inhabitants, 2 million people, have to leave their home in disastrous conditions. Patients in hospitals, pregnant women, babies, elderly, disabled, none can stay. The cities of the country are emptied in 2 days. In reality, they were thrown on the roads of the countryside without food or personal belongings. Then, they are assigned to a neighboring province where they were forced to work in the rice fields day and night.

 

The leader and his ideologie

At the head of this invasion and the Khmer Rouge is Pol Pot. Born in 1902 and son of successful farmers, he obtained a scholarship to study in France at the institute of radioelectricity where he failed at the first year exam. He then became a member of the French Communist Party. Following this, he joined a more extreme clandestine Communist cell and venerated the Chinese leader Mao Zedong. On his return to Cambodia, he taught his own doctrine, enlisting young people from the countryside and traumatized by hunger, bombing and corruption. He explains to them that the inhabitants of the cities are responsible for everything, promises them food, stability and employment. In his ideology, the Angkar (that means the revolutionary organization) directs aims to rebuild society, to erase class differences and to make a clean sweep of the past. The year 1975 must be a new year 0, he advocates a suppression of beliefs, knowledge and a blind submission to his extreme communist regime. Schools and religions are suppressed, men and women are separated and many are sent to death: teachers, former civil servants, intellectuals, those wearing glasses or having their hands cared for, all are imprisoned and promised to death. They are called "the people of 17 April" (referring to the inhabitants of Phnom Penh and its invasion that day) as opposed to the "new people".

The only reason Cambodians must live was to produce rice, 3 tons per state (thus triple the production immediately), even if neither the Angkar nor the people of the cities knew how to cultivate it. This has resulted in a deadly famine throughout the country. The most reckless tried to harvest fruit for food, which was considered theft from the state. If ever they were caught, it was death assured. Throughout the Khmer Rouge period, the borders were closed and nobody really knew what was going on.

 

S21 secret prison


In the heart of the capital was the ultra secret prison S21 or Tuol Sleng (name of the former primary school transformed into prison). The so-called "opponents of the regime" did not know why they were arrested, they were blindfolded by truck and tortured three times a day in this place. 12,000 and 20,000 people have been there and finally only 12 survivors were confirmed. It was totally cut off from the outside world and designated by the inhabitants of the neighborhood as "the place where people come in but never go out." It was the worst of the 200 Khmer Rouge prisons spread across the country.

In the end, only 14 bodies were found, killed and abandoned. Today, 14 white stones are erected in their memory and the photos of all the detainees have been exposed since the discovery of the prison in 1980. Thousands of people came to look for information about a relative in the archives or on the Photos.

 

The killing fields

After being imprisoned, forced to make false confessions (for example, stealing rice that belonged to the community or being a spy of the KGB or CIA) they were taken to the killing fields. The prisoners swarmed and were taken to the pits several meters deep to be executed. This site was an ancient Chinese cemetery, remote from everything, where loud speakers whirled revolutionary songs to cover the cries of the prisoners.

The victims, up to 300 per day, were pushed alive into the pits and then covered with DDT to mask the smell and not arouse the suspicions of the peasants in the vicinity. A few paces from the pits was the "tree of death" where children were killed under the pretext of arrest by filiation in order not to cause possible revenge.

 

La fin du régime

In 1979, it was the eviction of the Khmer Rouge who were fleeing to the Thai border. The new government is Vietnamese but is not recognized outside the country. The Khmer Rouge still sat in the United Nations and were refugees in the jungle. Even in 1990, in the context of the Cold War, China and representatives of the world turned its back on the new government installed by the Vietnamese then under protection of the USSR.

It is only recently that the judicial proceedings have been successful and that the massacre has been recognized as a crime against humanity. For example, the trial of "Douch", the former commander of the S21 prison, began in March 2009 and ends in 2012 after several appeals. He was finally sentenced to life imprisonment at 70 years old.Finally, in 4 years, a quarter of the Cambodian population was massacred, ie about 2 million people. Today, 65% of the population is under 30 years and after years of denial, justice begins to be done. The massacre begins to enter history, is now internationally recognized and its history is taught on the benches of Cambodian schools since 2010.


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